Tuning too much

le proto lyrique

Repéré courant 2018 par plusieurs lecteurs sur le bon coin, voici le proto lyrique.

L'homme de la rue verrait dans ce curieux engin un bricolage commis dans une arrière-cour.

Il faut bien dire que les décorations "33 Export" ne renforcent que peu la crédibilité du bolide siglé pourtant du double chevron.

Quand au siège "sport", les plus de 40 ans le laisseront volontiers à d'autres encore fringants.



Mais, outre son côté attachant et unique, le véritable intérêt de ce modèle, c'est le descriptif qui en est fait dans l'annonce qui tente de refourguer le mistigri.

En effet, sous une plume alerte et dithyrambique, l'auteur nous retrace la genèse et les exploits de l'engin, et il ne fait pas dans le détail.

 

Un truc qu'on cherche à fourguer pour 5000€? Mais non! Une "estimation attractive"!

Un bricolage conduisant à un truc pas homologué? Pas du tout! Du "grand art"! "415 heures de tôlerie" pour aboutir à un "morceau de l'histoire automobile", une "expression du génie français", truffée de "découvertes incroyables" et "cumulant les superlatifs"!

Je vous laisse juges, voici le texte intégral de l'annonce, mes sincères compliments à son auteur, qui devrait tout de même y aller mollo sur l'absinthe:

 

1970 – Citroën DS Proto

- Prototype unique
- Cumule les superlatifs
- Véritable « morceau » d’histoire

Depuis la fin du 19ème siècle, la France est un pays d’automobiles, une terre d’inventeurs, de concepteurs, ou de bricoleurs de génie ayant eu un jour l’idée d’un projet artisanal un peu fou qui n’aura peut-être pas connu la destinée espérée. Au détour d’une grange ou d’un vieux garage, il arrive encore de faire d’incroyables découvertes, en atteste ce prototype unique dont la structure est constituée de deux units avant de Citroën ID 19 ressoudés bout à bout !
Nous sommes en 1971, et notre proto fait sa première apparition lors du slalom en côte de Montigny-le-Roi. A son volant, Christian Derest et Raymond Girardin qui furent à l’origine de la construction de cet engin un peu fou. Léger et puissant, le prototype s’avère pourtant délicat à maîtriser à cause d’une monte pneumatique trop « faible » à l’avant selon les mots du principal intéressé, qui décidera alors de monter des pneus de SM qui amélioreront sa tenue de route.
Pour aboutir à cette réalisation, plusieurs acteurs se sont associés, Christian Derest en tête. Alors chef d’atelier au garage Perin, à Langres dans le département de la Haute-Marne, c’est lui qui imagine la conception du bolide afin de participer à des courses de côtes. Pour la partie carrosserie, il s’associe à Jacky Boulangier, carrossier à Prauthoy qui a totalisé 415 heures de tôlerie pour fabriquer notamment les ailes avant, les portes ou bien encore l’aile arrière échancrée en aluminium. L’ensemble est bien fini et le nombre de pièces rapportées d’autres voitures est impressionnant. Pour ne citer que quelques exemples, le capot avant est celui d’une DS et a été retaillé en haut et en bas, la calandre provient d’une Ami 8, les clignotants latéraux d’un Citroën HY, le parebrise d’une GS ou bien encore les feux arrières d’une Simca 1300. Côté mécanique, là encore nous faisons d’incroyables découvertes. Le moteur, directement emprunté à une DS, tourne à l’envers ! Logique puisqu’il a gardé sa position dans l’unit avant qui, elle, a été retournée. C’est donc l’ensemble moteur, boîte de vitesse et timonerie qui a dû être repensé. Deux double carburateurs Solex de 40 viennent se greffer à la tubulure d’admission, l’allumeur vient d’une Austin, le démarreur d’une DS et la pignonnerie d’un HY... La suspension hydraulique quant à elle fonctionne toujours, et se trouve réglable en hauteur à l’avant et à l’arrière. Pour reprendre la piste, la voiture nécessite une sérieuse restauration, ce qui justifie notre estimation attractive, mais le moteur est tournant et elle sera livrée avec un stock de pièces.
C’est du grand art, et comme toute œuvre d’art, ce morceau de l’histoire automobile française mérite d’être remis sous le feu des projecteurs tel qu’il l’avait été lors de sa première apparition en 1971.

ESTIMATION : 5 000 / 15 000 €

Ce véhicule sera vendu aux enchères lors de la vente d’automobiles de prestige, de sport et de collection, organisée par l’étude AGUTTES le 30 septembre 2018 sur le circuit de Linas-Montlhéry à l’occasion des Grandes Heures Automobiles.
Merci de nous contacter pour toute information complémentaire.