Un mois, un garage, par le CESCQUAL
Le garage Citroën de Saintes
Joseph Ardon fut un des tout premiers à signer son contrat de concessionnaire avec Citroën, en 1919.
La concession Ardon, à Saintes, est aujourd'hui encore toujours Citroën.
Et à ce titre, elle a été honorée à chaque anniversaire, ici par exemple en 1979 pour les 60 ans.
En 1969, c'est une médaille en or véritable qui avait honoré les concessionnaires restés dans la même famille depuis 1919.
Le premier garage d'Ardon était situé à Cozes.
Sa façade a été modifiée en 1960.
Sur ce dessin aux perspectives hésitantes, le résultat s'annonce étrange. Il l'est.
Voici le lien streetview.
Le garage a toutefois survécu, et il est toujours citroën, c'est à signaler car pas si courant!
Ensuite Ardon s'installe à Saintes, 47, cours National.
Regardez-bien, il y reste encore la potence où trônait son enseigne de concessionnaire.
Enfin, il fait construire à Saintes en 1930 un ensemble bien plus ambitieux, au 63 cours national, à Saintes, juste à côté du palais de justice (dans la vitrine ci-dessus, si vous regardez bien les caractères plus sombres, il annonce son "nouveau garage")
Le nouvel ensemble est presque en face du magasin précédent, qui restera l'adresse du siège social.
A noter au passage que le cours national ne s'est pas toujours appelé ainsi.
Au second empire c'était le cours impérial.
Et Wikipedia ne mentionne pas la période où il s'est appelé cours du Maréchal Pétain.
Voici une photo de la réalisation d'Ardon.
Ce garage a survécu, c'est désormais devenu la "galerie du bois d'amour", qui a repris un lettrage avec une police en phase avec le bâtiment, c'est assez bien vu.
Voici une vue générale du bâtiment, qui écrase de sa masse le palais de justice tout voisin.
Sur la rue à l'arrière, une photo de la construction.
De nos jours on reconnaît bien.
Mais regardez mieux, il y a une finesse.
Voici une vue d'époque de cette façade: elle est plus haute d'un étage.
Le garage a en fait été amputé d'un étage en 1991, suite au départ de Citroën.
Et Il y a désormais un grand parking sur le toit de l'immeuble.
Ce garage avait été inauguré le 27 Décembre 1930.
A cette occasion, un arbre de Noël pour tous les enfants de la ville avait été organisé.
On a deux souvenirs de l'événement. Le premier est classique, c'est une photo.
Le second est plus extraordinaire puisqu'un des chapeaux distribués aux enfants ce jour là a été conservé par Ardon.
Regardez bien la photo, vous allez reconnaître le chapeau
L'homme Ardon était clairement amateur de pub insolite: ici les cygnes qu'il élevait en hommage au logo du moteur flottant.
Et la Rosalie des records garée négligemment devant l'ancien site.
Je n'ai hélas pas de bonne photo d'époque de l'intérieur du nouveau garage en activité, à part celles-ci.
Mais je ne désespère pas d'en trouver un jour.
En effet, les archives Ardon ont aujourd'hui été en partie dispersées, et on retrouve des documents épars à la vente, parfois extraordinaires.
Par exemple ce graphique statistique qui date de 1927, avant l'ouverture du grand garage, donc.
Ardon avait aussi une spécialité: les caravanes.
Avant-guerre ça se faisait beaucoup, avec des hommes sandwiches par exemple.
Mais Ardon était plus créatif.
Et puis il y avait les caravanes de voitures proprement dites, une tradition qui s'est partout arrêtée à la guerre, partout sauf à Saintes.
Chaque année en Mars, il y a une course de vélo Bordeaux-Saintes et Ardon en profitait pour présenter une caravane publicitaire avec ses modèles.
La légende derrière cette photo nous indique "24 Mars 1957, le festival de la publicité qui roule, Bordeaux-Saintes".
Une autre de ces caravanes, sur la route. DN 17 nous donne une date de fin 57.
Encore une caravane, à Bordeaux, à une année inconnue.
Les connaisseurs auront reconnu l'endroit de la photo, c'est l'ancien magasin d'exposition Citroën de Bordeaux, allée de Tourny, que j'avais présenté ici.
La caravane Ardon de Mars 1959, repérée dans le bulletin Citroën de Juin 59
1960: au même endroit, l'année suivante, une fabuleuse caravane de breaks ID, le nouveau modèle qui vient de sortir!
On notera sur la photo que, selon les modèles, il y a ou non les pieds milieux en gris rosé.
Ci-dessous, en couleurs, l'écaille blonde a ses pieds milieu en écaille blonde, tandis que le bleu monte-carlo a ses pieds milieux en gris rosé. Avoir les pieds milieu couleur caisse est une caractéristique des 600 premiers breaks produits.
En Mars 1960, date de la photo, on était déjà largement au delà du 600ème break construit, mais certains n'étaient pas encore vendus.
Plus tard, 2cv, puis Ami 6 suivront la même voie.
J'extrais de la collection de mon ami Ward ces deux photos fantastiques de chez Ardon de la fin 59, avec les grandes affiches célébrant la victoire au monte-Carlo.
Et enfin, à la limite du hors sujet, mais assez révélateur de la créativité d'Ardon pour faire venir des gens au garage le Dimanche:
la photo date du 27 Mai 1928, c'est une cavalcade (ou corso) et le char est celui de la crème de gruyère et du fromage fondu Graf, et on y lit:
"Gardez vos prospectus numérotés, le tirage surprise aura lieu ce soir chez Ardon, cours National, Saintes".
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