Un mois, un garage, par le CESCQUAL

La succursale Citroën Paris Diderot

Un beau jour, un dénommé Feras me raconte par mail une bien belle histoire.

Au Liban, son grand père a eu une SM et deux DS successives.
La dernière était une DS23 BVH, carbu.

Il a la facture usine de cette DS23, particulièrement intéressante et rare puisqu'elle montre l'option "toit vinyl", peu répandue.

D'origine, et comme on le voit sur la photo, elle était beige tholonet cuir noir. Mais au Liban elle est repeinte en gris metal dans les années 90.

 

Feras a fait rapatrier en Suisse cette DS23 pleine de souvenirs car c'était la voiture "où l'on causait": en cas de baisse de moral, la famille partait rouler et parlait à bord de choses et d'autres.

Il l'a ensuite faite restaurer par Citrothello, avec un souci particulier pour l'isolation phonique (pour pouvoir causer!).

Il y a sur le site d'Othello 13 pages consacrées à la voiture, voici la première, montrant des travaux un peu approximatifs menés au Liban : https://citrothello.net/blog/ds-23-pallas-bvh-1973-libannaise/

 

Et Feras, qui a maintenant la voiture sur Paris, me contacte un jour pour localiser l'adresse de vente initiale de cette voiture.

Car sur la facture usine figure "Société Commerciale Citroën Diderot Paris 12ème", mais ni internet ni l'IA n'arrivent à localiser ce garage.

Un coup d'oeil dans le reseau Citroën 1973 lève vite le doute: c'est la succursale au 60-62 Boulevard Diderot.

Et nous décidons avec Feras d'aller photographier la DS devant son lieu de livraison.

Car le bâtiment n'est plus Citroën, mais il est bel et bien toujours là.

Il a été scindé en deux sur le premier bâtiment sur la rue: Europcar et Fitness Park.

Mais il reste présent en élévation, sur toute la profondeur.

En plein Paris, il y a encore en intégralité cette énorme succursale.

Avec sa seconde façade sur la rue Abel Leblanc.

 

Avec Feras nous avons décidé de rentrer en DS dans le bâtiment: la rampe voitures est restée en place sur tous les étages.

 

Premier étage: Europcar. Sans histoire: on comprend l'intérêt d'un tel parking pour la location. Les agents sur place en gilet vert étaient médusés devant notre histoire de la DS revenant sur son lieu de vente initiale.


Deuxième étage

Un enigmatique grand plateau tout vide: quel contraste avec Europcar n'en finissant plus de manoeuvrer pour se garer.
Et on dit qu'on ne peut pas se garer à Paris!

Je suppose que c'est un endroit pour stocker des décors événementiels.

 

Troisième étage

Il y avait un gardien, Feras a vite passé la troisième dans la rampe avant qu'on ne lui demande ses papiers.

 

Quatrième étage

C'est là que la magie a opéré

On a garé la DS car la rampe s'interrompait

Un portillon était ouvert, nous l'avons passé à pied pour voir ce fameux dernier étage. Au loin, une grosse tête dans le virage.

Et là, à ce quatrième étage...

les baies vitrées industrielles de l'ancien garage.

Et un véritable village éclairé par l'immense verrière.

Dans les vitrines, des oeuvres d'artistes.

Mais aussi des artisans: ici Gravexpress, un graveur: tampons, signalétique, ....

Et au fond, un cabinet d'architecte: l'atelier Tsuyoshi Tane Architectes, qui répond à des appels d'offres internationaux.

Je n'ai pas osé photographier l'intérieur, qui était dément, avec des maquettes, des décors divers, des plantes: je pense qu'ils maquettaient un parc.

Voici, à titre d'illustration, une photo de leur page Facebook.

Avec Feras nous sommes repartis de là vraiment bluffés, avec l'impression d'avoir pénétré en catimini la caverne d'Ali Baba.

Et nous avons repris la rampe pour descendre.

Je n'ai hélas pas encore trouvé de photos de l'époque Citroën de cette immense succursale, certainement la plus grande de Paris.

A vous de m'envoyer ça!

En ce qui concerne l'histoire du bâtiment lui même, je n'ai que ceci:

en 1937 l'"important garage" est dejà là et survit à un incendie venu du dépots de meubles des divans JO.

en 1934 il est déjà là, avec la même implantation.

En 1928 il est signalé comme un garage Renault, appartenant à la société G.R.A.D.A.

Et en 1919, il n'est pas là.

Mais je crois bien que ce que l'on distingue sur cette photo, ce sont des voitures à cheval: je dirais (sans être catégorique) que ça ressemble bien à un dépôt d'omnibus et de fiacres.

Ce qui voudrait dire que cet endroit est un garage depuis toujours!