<Tribune Libre>
Souvenirs en DS, par Denis
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Comme beaucoup de lecteurs, j'apprécie les (nombreuses) contributions des différents habitués,
témoignant et racontant leurs souvenirs ou émotions relatives à ces incroyables Ovni qu'ont été les DS et les ID pendant leurs 20 ans ( de production )
... voir plus, car le mythe a continué après avril 1975 ( et dure toujours )...
...disais-je, j' apprécie ces témoignages, très évocateurs pour ma classe d'âge (j'ai vu le soleil en 1963!), car j' y retrouve
mon vécu, bien évidemment, comme je le narre ci dessous ...
Simplement, vu la redondance avec des témoignages déjà présents sur le site , ce texte à plus vocation à créer de la lecture en période COVID !
Je développe donc des anecdotes somme toute récurrentes ...
ACTE 1
Comme cela se voit souvent dans les années qui suivent le conflit 1939-1945, les familles des sixties sont facilement "Nombreuses" et donc
mon intérêt pour l'atypisme des DS s'éveille en 1967 /1968 où, sur une belle route de campagne de notre Bourgogne, dans la
404 Break familiale qui nous ramène d'une virée dominicale, mon père (fair Play) nous fait observer
le moelleux de suspension de l'ID VERT HEDERA que nous suivons ...
(la citroën revient toujours à la bonne hauteur de garde au sol quels que soient les dos d' ânes et autres passages à niveau). Autre bizarrerie, la voie arrière, plus étroite que la voie avant, nous intrigue à chaque courbe. Je suis pour ma part obnubilé par le célèbre "chien avec la tête qui bouge ", derrière la lunette arrière de cette ID, qui hoche la tête à chaque accélération ou freinage de cette voiture .....
Par fidélité à son garagiste malgré un déménagement, mon père, client depuis toujours d' un des deux garages Citroën de quartier de la ville industrielle
où se passent mes premières années, fréquente toujours le plus éloigné de chez nous !
Sur le chemin pour la boulangerie, (les enfants dès 7/8 ans vont à l'époque chercher le pain seuls), se trouve l' autre agent Citroën et j apprécie, comme tous les mômes, de regarder le compteur des voitures en entretien garées dans la rue.
La vitesse est encore libre sur route et autoroute donc si la vitesse est marquée au compteur, c'est que la voiture va à cette vitesse !
De ma petite taille, ne pouvant apercevoir que le haut du compteur d' une DS21 1966 ou 67, je suis donc persuadé qu'elle " monte "à 250 ( km/h ), car j'ignore le concept des distances de freinage affichées au tachymètre, inaugurées sur la DS 21,
car plus rapide que les modèles précédents... ma considération augmente de fait d'un cran pour la grosse berline du quai de JAVEL ...
ACTE 2 =
Mon père, voyant les ainés s'émanciper, a moins besoin d' une voiture "familiale" avec 2 banquettes, et quand la 404 donne des signes évidents de fatigue,
il se laisse convaincre par son garagiste, pour une occasion de la marque aux chevrons. Le paternel nous fait mijoter avec malice sur l' identité de la remplaçante ...nous ne sommes sûr de rien ...
Je me souviens donc très bien de ce soir d'Automne 1972 ou il arrive, après le travail, avec la nouvelle venue.
Nous attendons dans la pénombre naissante, nous voyons arriver, feux de position allumés, une DSuper 1970 Bleu Platine resplendissante,
qui tourne au ralenti comme une montre suisse, dans les chuintement de l' hydraulique, avec, sporadiquement, les claquements secs du Disjoncteur-conjoncteur ...intérieur Targa Noir, 3 compteurs allumés de vert, un compte tours, le tachymètre affichant 200 km/h
avec ce disque qui laisse apparaitre les distance de freinage en fonction de l' élévation de vitesse ,les clignotants AR dans leur trompettes
flashent dans la nuit tombée...
C'est un bond statutaire et technologique après le break de Sochaux, tout vaillant qu'il ait été..
Je vénère dès lors cette voiture, qui n' est qu' une ID, mais, exceptés les gros pneux AV et AR, elle ressemble comme 2 gouttes d'eau à la DS 21 INJECTION ELECTRONIQUE de couleur identique, située près de chez notre grand mère maternelle, sur la cote d' Azur !
Ces occasionnels trajets Bourgogne vers le Midi sont le grand kiff pour moi = 600 km à profiter du ronronnement sourd et rassurant et des qualités routières de l' ID ( parfois à plus de 5 dans l' auto ! ), dont plusieurs centaines de km sur autoroute. Mon père est plutôt pondéré dans la vie et sur la route, mais sur ces trajets d' avant les limitations et la 1ere crise pétrolière
qui arrivera peu après, la vitesse indiquée au compteur reste fréquemment et longtemps à 150/160 ...
A cette vitesse, je ressens les vibrations du "tourne broche" se répercuter sur la vitre contre laquelle j' ai le front appuyé. ... ces détails , le bruit ,le défilement du paysage me font savoir que nous roulons plus vite que la normale paternelle ... parfois, le mufle vitré d'une SM débordant tout le monde sur la voie sacrée (la gauche), nous laisse béats , sa majesté n'étant pas très répandue, et se voit le plus sur ces axes routiers pour lesquels elle a été conçue ...
La suite, sur route nationale où le rythme est moins soutenu, me parait longue, puis survient l'intérêt d'apercevoir la mer ( en premier )...
parfois , lors des sacro sainte promenades du dimanche, concentré sur la route , il arrive au daron de demander à celui de ses rejetons
debout entre les sièges avants, de lui dire à quelle vitesse l' ID est passé dans le virage ...
je me souviens avoir une fois annoncé un 120 ...
Sur les autoroutes "libres" ( ou presque ) d'alors et notamment l' A7 et sa vallée du Rhône, la file de gauche est fréquemment utilisée
par de nombreuses DS ou série D bien lancées et la grande discussion entre frangins est de savoir pourquoi certaines DS que nous voyons
nous dépasser (puis vues à l' arrêt dans les files au péage), ont leur trappe de réservoir sur l aile arrière droite levée : oubli
suite à un plein, ou un effet du à la vitesse (vraiment) élevée = je penche personnellement encore aujourd'hui pour ce dernier avis ...
L'époque étant également aux caravanes, si la DSuper s' en tire bien mieux avec son 1985cc que le 1600 de la 404, elle accuse
quand même le coup avec la CARAVELAIR 4m20 attelée ... la suspension hydraulique révèle là un atout maitre, nombreux étant
les caravaniers à adopter des DS ou des ID pour cette raison. C'est donc de bonnes vacances, même si à l' époque, nous retenons plus les corvées d'attelage, dételage, montées de l' auvent,
et voyons notre carrosse devenir subitement une tortue pataude sur la route et dans les petits villages, encombré de la caravane . Je n' ai pour ainsi dire pas de photos de cette Dsuper, avec ses magnifiques petits enjoliveurs d' ID, ses phares fixes, sa boite 4 ...
Juste des extraits de films Super8.
Mais sa vente en 1979, pour une CX 2000 SUPER, voiture sans histoire, mieux équipée avec ses vitres AV électriques, sa spectaculaire
direction assistée DIRAVI avec retour automatique au point zéro (même à l' arrêt ), ses 4 disques, laisse un gout de regret :
la CX est moins atypique, a moins de charme. Pourtant le bon vieux bloc 1985cc de la DS 20 ( qui tourne dans l' autre sens que dans la DS, attention !), relooké et optimisé, associé au bon " cx ", permet une moindre conso, pour une vivacité améliorée...
A 16 ans, je me projette déjà donc plus en tant que futur conducteur de série D !
J'ai beau obtenir mon permis avant le service militaire, j'achète mon premier véhicule après en être libéré, c'est une GS 1220 CLUB de 1974 ...
cette voiture de 10 ans a pour elle sa suspension hydraulique, son super freinage 4 disques et un certain brio: le moteur, qui tire court comme il est la règle pour les moyennes cylindrées, supporte très bien les hauts régimes, ne vibre pas ... sa sonorité rauque
est spéciale, mais surtout, la grande longueur des pipes d'admission de ce 4 cylindres Boxer impose une bonne giclée de la pompe
de reprise pour des remises en vitesse efficaces en accélération, ce qui la rend goulue!
ACTE 3
C'est pourquoi, quelques mois après, suite à lecture d'une petite annonce pour une DSuper de 1971, soit 14 ans d'age,
je conclus l' affaire avec un autre jeune, malgré une carrosserie "fripée" qui ne m' arrête pas , les DS abondent alors dans les casses
(comme toujours, un mauvais calcul !).
Je craque pour cette Dsuper, car elle est identique à l'ex du paternel 13 ans plus tôt, Bleu platine, avec un accueillant intérieur tissus bleu, et surtout , l'option boite 5 "11 CV " !...
Cette boite transcende le 2 litres DY2 , la DSuper 11 CV boite 5 marche du feu de dieu, et malgré son poids et capacité d' emport supérieur, je consomme moins avec cette voiture qu' avec la GS ...
c'est la fin des années noires des DS ( la " tire à Dédé " de RENAUD ) mais les DS restent pour beaucoup juste des occasions anciennes,
réminiscence d' un passé gaulliste, pas encore véhicule de collection, peu de gens voient la "voiture mythique", même si son "aura" d' exception
ressurgit au fil des souvenirs des badauds ...mes frères et moi lisons LVA ou AUTO RETRO, où elle a sa place.
Ainsi, en quête de pièces pour ma Dsuper , je tombe sur une "vraie" DSuper5 1972, 12 CV, vert argenté assez propre , au kilomètrage
inconnu mais probablement proche des 2 tours de compteurs, cédée à vil prix pour cause de traversée hydraulique AV/AR hs. Après achat, vu l' état présentable, je fais faire les travaux et profite des 106 cv et de la boite longue, qui gomme un peu les sensations mais, au prix d' une légère augmentation de conso, fait accéder à une très bonne autoroutière.
A 160 km/h réels, le moteur est à 4400 tr/mn ( pour 4900 tr/mn en boite 4 )...en gardant une marge par rapport au
régime maximum admissible en s'imposant 5500 max , les vitesses sont +/- 200 km/h contre +/- 180 km/h ...
C'est pourquoi je ne rêve pas à l' époque de boite hydro !
Me retrouvant finalement avec 2 voitures, je cède la 12CV à mon jeune frère qui travaille désormais chez Citroën et à celle qui n'est alors pas encore la mère de ses enfants, ma jeune belle-soeur, qui adore vraiment conduire et utiliser cette grosse voiture confortable et rassurante .
Vu le vécu de l' auto, ils auront finalement leur lot de "surprises" avec cette DS21M : un roulement de bras de train avant casse après un péage d' autoroute, ledit bras "bat" dans le logement vide, avec pour conséquence un pneu XVS neuf bouffé en 40 km. Le casseur blasé nous vend un 1/2 train AV de DS "au prix d' un de 2 cv" , j' ai oublié le prix mais la somme est dérisoire, temps béni !
Je me recentre donc sur ma 11 cv boite5 dont j' apprécie le côté simple, populaire et économique (pour autant qu'on puisse l'être pour une DS).
(ici surprise en compagnie de la DSuper5).
En quête de pièces de carrosserie pour DS à poignées non encastrées, je fais un deal gagnant/gagnant avec un sympathique commerçant qui stocke
depuis 15 ans dans un garage loué , une DS21 PALLAS 1966 boite méca, cuir noir, gris Palladium, arrêtée après s' être fait percutée
au niveau du pied milieu coté conducteur ... 200 francs, et je dois débarrasser le garage dans les 2 mois ...
La voiture, hormis la porte AV gauche, est complète en carrosserie, l 'intérieur cuir noir a fait le bonheur du gendre, sauf les hauts de portes+ poignées...
le moteur est bloqué...hydraulique lhs corrodée...
faute de place , je ne garde que la carrosserie intacte et le magnifique tableau de bord DS 2ème génération , le reste fait le bonheur d' une famille de ferrailleur ...
En attendant de mélanger tous ces éléments de carrosserie pour offrir une peinture à ma voiture je décide de rouler avec cette apparence
de DS pallas 66 (porte conducteur exceptée), car l' esthétique de ce 2eme avant m' a toujours plu , le gris Palladium foncé aussi ...
l' adaptation carrosserie est assez simple, mais je laisse bien sûr le tableau "trois compteurs", anachronique ! Je me souviens que les phares boules Pallas à iodes éclairent très bien ! mieux que ceux des blocs " sous vitre " 67/75.
Après être revenu en configuration carrosserie standard, l' impasse se fait pour la peinture Bleu platine pour moi , ainsi que le vert argenté pour mon frère
...les deux seront peintes comme les voitures de la cour de l' Elysée à la grande époque, le cout d' une peinture origine étant jugé rédhibitoire.
Je tiens, avant peinture, à installer sur ma DSuper le système de phares tournant (après y avoir gouté avec la DSuper5) car très agréable , et adapté
à la conduite rapide de nuit sur route sinueuse, car à l' époque mi 80, pour ces voitures d'usage quotidien, le coté collector est celui que l' on porte aujourd'hui à une Safrane, une XM voire une C5, et l'objectif est de rouler ...
Le système de phares tournants, ingénieux, mécanique, est simple à adapter avec les bonnes pièces prélevées sur une donneuse. Je prélève ces pièces dans une casse
sur une ID20 1968, blanche, que des parents ont jugée suffisamment placide et apaisante pour le tempérament de leur fils, mais ils se trompaient ! Le fils est connu pour "pousser" cette malheureuse ID, à grand coups de rétrogradages "extrêmes" si nécessaire
(pour "tenir" une Toyota Celica 2000 "hostile", par exemple), et j'ai une pensée émue pour cette victime d'une conduite contre nature, en
voyant sa culasse déposée, soupapes tordues, une chambre de combustion explosée, et une tulipe de soupape plantée dans un piston ...
Dans cette même casse, j'achète à bon marché un intérieur Pallas 65/68 cuir fauve. Le confort et les senteurs de ce beau cuir, exacerbées
quand la voiture reste longtemps en plein soleil, l'emportent sur le respect de l origine ... L' abondance de pièces à cette époque amène en fait une certaine insouciance = il me semble avoir fait passer pas moins de 3 boite 5 optionnelle 11cv
sur cette DSuper. Celle d'origine avait le carter de 5eme fissuré vers le bouchon de vidange, la deuxième s' avéra avoir été inondée dans la casse
( roulements hs ), la 3eme était ok mais les disques de freins d'origine, conservés, étaient voilés, avec à la clé de gros broutements en freinage appuyé...
Après mise à niveau et peinture, je profite vraiment de cette voiture, efficace sur la neige
(surtout en montée, la gestion en descente étant plus délicate), rapide ,"économique", et sûre :
j' ai un souvenir attendri d'un retour de soirée tard dans une nuit orageuse, ou nous roulons de concert mon frère et moi
sur l'autoroute A6 après BEAUNE, les 2 DS remplies de passager(e)s endormi(e)s ... nous approchons rapidement du front orageux
dans un ciel lézardé d'éclairs, puis chacun reste seul face aux éléments qui se déchainent, avec des trombes d'eau sur la chaussée, une vitesse réduite
et plein de véhicules qui s'arrêtent du fait des conditions dantesques. Les essuies glaces et désembuage sont à fond, j' ai de l' eau qui s'infiltre, je suis les 2 feux rouges de la DSuper5 qui me précède, sortie de l'épisode, puis arrivée à destination : aucun des passagers n'a été réveillé, aucun n'a vu l'orage!
Nous avions une extrême confiance dans ces voitures. Il faut dire qu'avec un moteur " cathédrale ", la position élevée de l'allumeur, de la bobine et des bougies, la DS est in-noyable!
Il m' est arrivé quelques anecdotes avec cette DSuper avant que je ne m'en sépare, quelque mois après l'obtention d' un emploi sur Paris, ville où je ne trouve pas de stationnement satisfaisant :
en 1985, les professionnels Citroën locaux aiment bien, pour la plupart, les jeunes possesseurs de DS, et ne sont jamais avares de conseils, d' anecdotes,
voir de prêt d' outils pour ces jeunes fauchés que nous sommes, et j' ai pris bon nombre de ces conversations en compte: cela permet de "checker"
et résoudre une "anomalie" connue , si elle se présente ...
Lors d' un retour de vacances en célibataire dans le 04, je me dit que les 30 derniers kms d' autoroute, quasi déserts en dehors des semi-remorques,
seront l'occasion de mettre l' aiguille du compteur au plus loin vers la boite à gant, fort de la proximité du domicile et de l' apport de la 5eme. C'est bientôt chose faite : les kms et les camions défilent à 180 km/h compteur sous un beau soleil de septembre, avec bien sûr, de fréquents contrôles aux rétroviseurs
gauche et intérieur, pour faire éventuellement place à plus rapide, quand apparait justement l ' ANOMALIE.
La vision est claire et nette au rétro extérieur,
mais je ne vois plus la route par le rétro intérieur ! En me retournant, je vois de la fumée sourdre entre l' assise et le dossier de la banquette AR ! L'avant de la D plonge, freinage et arrêt impératif sur la B.A.U, la sueur aux tempes, j' ai 3/4 de plein de carburant et peut-être le feu dans le coffre ! J'ai un extincteur (une mode années 80 qui pourrait être remise d' actualité), la fumée émane du bois de la caisse contenant
les consommables (huile , LHM),et me revient l' anecdote "du chien du chasseur, mort dans le coffre", dont je ne sais si elle est vraie ... Il n' en reste pas moins qu'il était connu que sur les DS munies du silencieux arrière, celui-ci se corrodait, et un long trajet à vitesse élevée
produisait un effet chalumeau, crevait la corrosion supérieure, et les gaz d'échappement caressaient le fond de coffre qui devenait une plaque chauffante...)
R.A.S donc, mais je vide le coffre sous le regard goguenard des routiers doublés précédemment...
Deux tubes simples de DSpécial solutionnèrent cette "panne " ...
L'autre anecdote vise à confirmer l' excellent chauffage dont disposait la DS. L' hiver 1985 est connu pour avoir été très très froid, mais un frère ainé, en mal de moto, tombe sur une annonce de BMW R/75-5 à 150 km de distance. Je l' amène. Départ très tôt, sur route givrée, il fait bon dans la voiture, mais au bout de quelques kms, la voiture est inopérante sur le 1er corps du carbu, je suis obligé de rouler sur le 2eme corps, excessivement vite pour la route givrée, et l' aiguille de la jauge d'essence descend inhabituellement vite.
J'ai pourtant mis le filtre à air en position hiver, avec dérivation vers l' échappement pour aspirer l' air chaud. Arrêt dans un village, le conduit est déboité et un gros glaçon est DANS le filtre à air! La route reprend après normalisation ... L' affaire faite, mon frère sera contraint de s'arrêter toute les 20 mn pour réchauffer ses mains et pieds congelés (malgré les cylindres du flat twin ). Le chauffage de l' ID à fond, moteur tournant , l' intérieur est un sauna, le ventilo vers les pied est efficace,
et je compatis quand il doit repartir ...à un arrêt , je béquille même la moto, il est trop gelé pour le faire ...
ACTE4 =
après mon départ pour Paris , j' ai vent par mon jeune frère qu' un garage FIAT local a fait une reprise sur une ID 1959 marron glacé ,dans son jus ,
mais irréprochable, à part l' embrayage en fin de vie. Je fais affaire, je n' ai pas encore roulé de D première mouture, et elle est trop belle
dans son dépouillement.
Il s' agit bien du bloc" Traction" , elle est en 6 Volts, n' a QUE la suspension hydraulique : les étriers sont actionnés sans assistance via un petit maitre
cylindre, l' absence de direction assistée donne un volant immense, néanmoins la direction est douce, même à l' arrêt, grâce aux petits pneus de 165-400.
La pompe mono-piston est quand même un peu à la peine, et il faut parfois accélérer après un freinage pour lui faire lever le nez mais cette ID en boules
noires est littéralement un tapis volant, elle efface tous les obstacles, la boite tire très long, le moteur tourne doucement, le silence est très agréable.
L'intérieur, sous housse collées par le temps, révèle des inserts plastiques sur la sellerie.
La couleur est comme neuve après " polishage ".
La voiture est tellement agréable que je dépose boite et embrayage, et la pièce étant alors introuvable, donne ce dernier à un comptoir pour frein
qui regarnit, restaure et règle le tout. Après repose, c' est une merveille d' agrément, elle ralentit bien , moyennant un effort élevé à la pédale. Heureusement , les ID suivantes récupèrent l assistance hydraulique au freinage ...
entre parenthèses, cette assistance au freinage voyait les freins arrière pris sur le circuit de suspension arrière : en cas de freinage fort , surtout sur DS,
cette dérivation de pression faisait s'affaisser l' arrière, l' avant ayant été comprimé par le freinage, on avait la sensation que les D récentes
se "posaient" dans la route en freinage fort, et c'était sécurisant ...
Pour en revenir à cette ID59, les amateurs hollandais commençant à cette époque à écumer l ' EUROPE à la recherche des beaux modèles, c'est bien vers le pays
des tulipes qu' elle partira plus tard par la route, son nouveau propriétaire nous ayant confirmé dans son français hésitant son arrivée à bon port.
La boucle était bouclée pour moi concernant les DS mais malgré des épisodes sans, le total avec mes frères s' éleva à 7 DS/ID différentes (dont 2 breaks
et une seule BVH ) soit 8 avec celle du Père ...
et la DSuper5 me direz vous ? Elle a eu une fin digne d' un roman policier ... Après qu'il ait continué à la kilométrer, après un accrochage et une nouvelle peinture, mon jeune frère m' avait dit l'avoir cédé à une connaissance qui avait besoin de tracter une remorque double essieu en Savoie où il est en déplacement . Fin de l'histoire ... Sauf qu'un jour, vers 1990/91, ou plutôt une nuit , il reçoit un appel d'un officier de gendarmerie de FONTAINEBLEAU (?),
qui lui demande de confirmer son état civil, et s' il est le possesseur d' une DSuper5, dont les clefs sont sur son bureau à la Brigade.
La voiture contre toute attente avait servi à des "malversations" et après course poursuite, avait fini sa vie sur un terre plein contre un candélabre.
Le dernier utilisateur ne fit sans doute pas les papiers, l' époque n' étant pas informatisée, mon frère se trouvait donc toujours "propriétaire".
Ce qui s'était passé c'est qu'après 2 rotations Bourgogne Savoie, la DSuper5 l'avait lâché, et il l'avait laissé à un épaviste/ ferrailleur local ... ce même épaviste, auteur de la course poursuite en ile de France, avait donc remis sur la route, pour un usage douteux, une voiture qui n'en demandait
pas tant, après avoir tant vécu ..étonnant choix , d'autant qu'en 1990 une DS devenait franchement atypique et très repérable ...
Une chose est certaine, parmi toutes les voitures possédées par la suite, aucune ne m' a procuré ce genre de sentiments tels que ceux
décrits avec ces DS ... une des plus approchantes a été une rare XM 2 litres Carbu, assez dépouillée, qui avait " l' esprit " ID ...
les autres étaient de bons " engins à rouler" ( BX16 , XM turbo D , C5 HDI, pour les Citroen "hydrau" )...
.... souvenirs ...
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Denis
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