<Tribune Libre>

Eloge de la DSpécial, par Alexandre

INTRODUCTION : la DSpécial sur le marché de la collection.

Pour commencer, faisons un petit test : combien d’exemplaires de DSpécials trouvons-nous dans les petites annonces que nous présente Internet ? J’attends.

Vous en avez trouvé… ? Très bien, augmentons la difficulté : sur l’ensemble de vos découvertes, combien alors de DSpécials se présentant comme telles ? Ah oui, beaucoup moins, du coup… ! Combien se cachent sous les doux pseudonymes d’ID 19, ID 20, ou même DS 21 pour attirer le chaland qui, peut-être pris de pitié, ne s’offusquera pas de la manœuvre ?

Triste destin de la DSpécial, rejeton éploré de la famille D…

Car oui : une DS, c’est classe. Une ID, c’est chouette. Mais une DSpécial… Non. C’est tout du moins, semble-t-il, l’opinion générale. Et ce malgré la généreuse tribune du Docteur Danche en sa faveur.

La CCDCDD (Chaleureuse Congrégation de Défense Cordiale des modèles D Défavorisés) se devait ainsi de réagir. Par ce présent article, et au-delà d’une simple réhabilitation du modèle, voici donc … l’Eloge de la DSpécial. Eloge de bonne foi, totalement équitable, et pour lequel nous nous efforcerons de la plus grande impartialité. Ainsi, nous commencerons par un paragraphe exclusivement subjectif.

  1. La subjectivité aime la DSpécial.

Le Vert Muscinée ou le Bleu Lagune vous font de l’œil ? Avec la DSpécial, les couleurs chaudes, et même les plus immondes (ne nous leurrons pas, certaines le sont vraiment*) sont acceptables, renforçant son aspect« jouet acidulé », son côté bon vivant et sympathique. De même pour l’intérieur, avec ses poignées plastique toutes mignonnes – assorties, eh oui Monsieur ! avec le Blanc Meije du toit –, elle amusera les enfants, aux yeux desquels elle constituera un bidule Kinder Surprise géant**.

Alors oui, tout cela, me direz-vous, au même titre que les panneaux de portes tout noirs et tout plats, fait un peu bas de gamme… ? Eh bien non, permettez-moi de vous corriger : la DSpécial n’est pas bas de gamme, elle est populaire. Une DS 23 Prestige attire la convoitise, parfois même la méfiance. Une DSuper pallassisée fait frime, suscite le mépris. Pas une DSpécial. La DSpécial inspire les bons sentiments. Osons le dire : la DSpécial rend le monde plus beau.

Bon, d’accord, on va un peu loin… Arrêtons donc les farandoles pour plonger, gracieux et frivoles tels des cachalots, dans un bassin d’objectivité. De toute façon, vous verrez que la DSpécial gagne quand même.

  1. Les arguments objectifs sont en faveur de la DSpécial.

  • Elle ne pose pas de problème quant à la couleur de son toit : c’est blanc. Point. Quelle simplicité !

  • Elle n’a pas de montre : du coup, pas besoin de la remonter. Une contrainte de moins, génial ! (N.B : cette remarque peut également s’appliquer au choix imposé de la couleur du pavillon)

  • Elle n’a pas d’autoradio : vous pouvez ainsi davantage vous concentrer sur la route, quelle aubaine ! (N.B : cette remarque peut également s’appliquer à l’absence de montre)

  • Elle peut porter sans honte le Bleu Lagune et le Vert Muscinée***: c’est donc avec fierté que vous traverserez le parking de Super U au volant de votre bolide étincelant. (N.B : ces coloris risquant de faire fuir les autres usagers, il vous faudra être concentré sur la route afin de les éviter – ainsi l’absence de montre et d’autoradio est-elle pleinement justifiée)

Voilà déjà quelques arguments, parmi les très nombreux que peut faire valoir la DSpécial.

Du bluff, dites-vous… ? Mettons-en donc un dernier, extrait d’un document d’époque**** :

« Votre petite dernière est malade en voiture et a déjà, plus d’une fois, apposé sa marque sur le velours de votre C5… ? Le targa noir de la DSpécial est fait pour vous : il se nettoie facilement et, même si subsiste quelque quantum de substance, partez du principe qu’il n’en sera guère plus laid »

 

  1. Diantre, elle est géniale cette DSpécial ! Mais que reste-t-il alors à la DSuper ?

Disons-le tout net : à mon sens, quitte à prendre une ID, autant choisir une DSpécial.
Histoire de rester dans l’esprit originel ? Non, même pas. Elle est surtout moins chère pour des prestations équivalentes. Voilà, c’est dit. Vous en doutez ? Très bien. Voici donc l’heure du match que vous attendiez tous : DSpécial / DSuper. A des fins de crédibilité, il sera disputé en dix-sept manches et détaillé en vingt-quatre sous-parties. Cependant, compte tenu de l’ampleur du rapport, nous nous contenterons de dire que la DSpécial gagne.

En définitive, le match DSpécial / DSuper tient surtout d’une question d’image. Comme le disait mon Grand Oncle Aristide, avec de belles grimaces : « La DSuper, c’est super. La DSpécial est… spéciale. » Ainsi, tout comme les petits malins aiment jouer sur les mots (DS = « déesse », ID = « idée », etc.), nous nous accorderons à qualifier la DSpécial de « spéciale ». Point.

Nous voici donc bien avancés ! serait alors tenté de dire le néophyte, soupirant devant tant de mystère. Je vous l’accorde : d’ordinaire, qualifier quelqu’un de « spécial » n’est pas véritablement flatteur, et sous-entend plutôt un camouflet à l’égard de la personne concernée. Mais laissons notre ami le dictionnaire faire lumière sur le sens véritable de cette expression, et jeter son aura brillant sur notre DSpécial :

Spécial (latin specialis, particulier)

  • Qui est particulier à une certaine catégorie, destiné à une certaine fin : Recevoir une formation spéciale.

Exemple : le permis spécial.

  • Qui est considéré comme anormal, contre nature : Avoir des mœurs spéciales.

Exemple : apprécier le déhanchement de mouches en porte-jarretelles.

  • Qui n'est pas commun, s'écarte de la norme, sort de l'ordinaire : Une mentalité spéciale.

Exemple : la pingrerie de Papy Choqmouille.

  • Qui présente un caractère exceptionnel, répond à des circonstances extraordinaires : Bénéficier d'une faveur spéciale.

Exemple : la Citroën DSpécial.

 

CONCLUSION DE L’AUTEUR :

Devant tant d’honneur, et face à ce chef d’œuvre plastique qu’est la DSpécial, je me dois de verser une petite larme. Parce qu’elle est sincère. Et peut-être aussi parce que le Vert Muscinée pique un peu…

CONCLUSION FINALE :

 

Oh ! DSpécial, tu m’éblouis !

(et en plus, tu n’es pas chère)


* Ce paragraphe étant dédié à l’aspect subjectif, je me suis dit : « Autant y aller franco ».

** Docteur Danche, je reprends votre remarque. J’espère que vous ne m’en voudrez pas.

*** Mais pas en même temps. Le mauvais goût a ses limites.

**** Document dont l’authenticité est toutefois discutable.