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Je me souviens de la voiture de ma jeunesse. Notre petite famille (réduite à ma mère et moi-même) était motorisée par une Renault 6 de couleur bleu-ciel disposant de la rare option « dégivrage arrière », qui fonctionnait par un mystérieux réseau de fils parallèles qui ne marchaient jamais tous ensemble.

Or, un Lundi de l’hiver 78 (j’avais 5 ans), la R6 était prise sous une épaisse couche de neige tombée dans la nuit qui rendait son allumage capricieux.

Après quelques essais, incrédule, je dus admettre que ma mère ne démarrerait pas le véhicule. C’était là un scénario d’échec impossible, irréel, et qui pourtant ne demanda à ma mère qu’un coup de téléphone pour trouver solution. J’y compris vaguement qu’il était convenu, dans le cadre d’un arrangement dont je ne saisissais ni les tenants, ni les aboutissants, que ce serait Mme C., une collègue, qui passerait nous dépanner.

Il est donc 9h30, nous guettons l’horizon sous la neige qui continue de tomber, et je savoure les minutes qui passent, et qui s’ajoutent à mon retard à l’école qui s’annonce considérable, enormous*, historique.
A 9h45 apparaissent deux gros yeux de mouche à l’horizon, perçant les flocons. Le véhicule est vert clair, gigantesque, il s’arrête devant nous avec une élégance inattendue, dans un léger bruit de crissement de pneus sur la neige. Une femme inconnue nous sourit à son volant, elle semble si petite. Nous rentrons dans l’habitacle à l’agréable chaleur, nous démarrons en douceur, puis, assis sur un siège dont la matière m’est inconnue (ferme, froide, marron, limite « siège de dentiste »), j’observe ce paysage enneigé, que je croyais familier et qui s’offre à moi comme pour la première fois.
Le voyage est long, mais je voudrais qu’il dure plus, qu’il dure toujours; hélas nous arrivons déjà en vue de l’école, et, après avoir recueilli sur mon carnet de liaison le mot d’excuses qui me servira de Sésame, je suis abandonné devant la «petite porte» réservée aux retardataires.

Au loin, le mystérieux vaisseau s’éloigne déjà.

* énorme


E
n 1980, ma mère, très sérieusement, me demanda alors qu’elle remplissait des papiers officiels : « dans le cas où je mourrais, tu voudrais être adopté par qui ? ». Je répondis bien entendu sans hésiter « Mme C. », que nous n’avions pourtant pas revue depuis l’incident de 78.
En 2000, arrivé à maturité financière, j’acquis ma première DS. En 2002, ma seconde.
Fin 2004, je fis le site http://perso.wanadoo.fr/nuancierds, qui me demanda une énergie considérable, tant au plan bibliographique (où trouver les photos des couleurs?) qu’au niveau technique (c’étaient mes premiers pas dans les sites internet).

Pourquoi l’ai-je fait ?
Parce que les couleurs des DS, c’est joli.
Parce que le site s’apparente à une collection de couleurs, et que je suis collectionneur.
Parce que l’envie de se rappeler sa jeunesse amène parfois à des passages à l’acte.

YF, 7/02/05