<Tribune Libre>

J’aime, je n’aime pas, par Paul

L’on a beau être un passionné de DS, il est des modèles, couleurs ou intérieurs que l’on n’aime pas ou guère. A l’inverse, il est des choses que l’on aime tout en ayant la sensation d’être un peu seul de ce point de vue.

Ci-après ma liste personnelle. Je vous invite à faire la vôtre. Ce peut-être instructif. Il est entendu que nous ne parlerons ici que de configurations d’origine, loin des customisations banlieusardes ou restaurations hasardeuses.

Je n’aime pas ou guère :

  • Les combinaisons « noir et blanc ». Genre blanc Meije intérieur Targa noir, gris nacré intérieur cuir noir, noir intérieur tissus gris… Ou pire, noir intérieur cuir ou Targa noir (1). Bref de ces voitures où les seules notes de couleur sont les zones du compte-tour. A quoi bon avoir des appareils photo numériques, bourrés de pixels et Photoshop sur son PC si c’est pour conduire une voiture en noir et blanc et se gaver de Lexomil pour ne pas déprimer quand on prend le volant ?! Autant acheter une DS5 blanche au physique d’enclume, à l’intérieur d’un noir démoralisant et aux vitres ridiculement petites.

  • Le brun scarabée. Ne croyez point que je dégaine la brosse à reluire élégiaque pour cirer les pompes du bon docteur qui, on le sait, déteste le brun scarabée. Je serais d’ailleurs plus nuancé. Le brun scarabée sur une Pallas, surtout avec intérieur tissus caramel, pourquoi pas. Mais une DSuper de la même teinte avec intérieur Targa, là, franchement, ça n’est vraiment pas ma tasse de thé (1). Cauchemar Danchesque, réunissant dans une atroce dualité le scarabée et le Targa !

  • Les Chapron. J’insiste, non je ne joue pas les thuriféraires danchophiles. Je n’aimais pas les Chapron (rouges ou fermiers) bien avant de connaître Herr Doktor. Simplement les Chapron sont à mon sens une dénaturation voire une négation de la DS. Une parfaite illustration de ce mélange détonnant qu’est l’alliage de l’argent et du mauvais goût (2). Cher, moche, mal construit, tape à l’œil, prétentieux… Je développe plus avant ou c’est suffisamment clair ?

  • Les ID des millésimes 65 et 66. (1) Là je sens que je vais susciter quelques interrogations. La raison est fort simple. Quitte à avoir une ID liquide rouge et 3 paliers, je préfère largement la première planche de bord avec volant blanc. A l’inverse, quitte à avoir le tableau de bord noir deuxième type, autant prendre une 67 avec liquide vert, plus simple à entretenir, quoi qu’on en dise. Pourquoi ne pas appliquer ce raisonnement aux DS des mêmes millésimes me direz-vous ? Simplement parce que les DS y présentent des particularités de teintes et d’aménagement (Rouge Carmin, premières Pallas…) les rendant plus désirables à mes yeux.

J’aime bien et me sens, peut-être à tort, un peu seul :

  • Le tableau de bord 3 cadrans. « Muraille de Chine », « Tableau noir d’école » et autres qualificatifs peu flatteurs lus ici et là, n’ont pu m’en dégouter. Je vais même bousculer un dogme, balancer un pavé dans la mare ou la tronche d’un CRS, recasser un vase de Soissons, cracher sur vos tombes : c’est mon tableau de bord préféré sur DS !

Motif personnel bien sûr, puisque lié à d’heureux souvenirs d’enfance des DS paternelles au début des années 70. Et puis sa modernité Trente Glorieuses, son ergonomie très améliorée, oui décidément, j’aime ça. Et ce tant avec le volant « mousse » qui lui confère une certaine homogénéité, qu’avec l’ancien volant, ce rapprochement dépareillé ayant son charme. Bien sûr, je suis fort sensible à la pureté du tableau bertonien originel. Mais quand je suis au volant, Il n’a pas ma préférence, c’est tout.

  • Le vert Muscinée. J’aime bien, non la teinte elle-même mais ce qu’elle véhicule. On causait Trente Glorieuses et seventies, là on est en plein dedans. Curieux que la teinte n’ai pas eu plus de succès car on la retrouvait dans les cuisines ou les meubles de bureau d’alors (3). Eh oui, une DSpécial vert Muscinée intérieur Targa fauve dans mon garage, ça me plairait bien ! Un côté rebelle et provoc qui sommeille en moi ?

  • Le bleu Camargue. Que n’ai-je entendu… « Bleu Layette », « bleu France-Télécom », « bleu ch… »… Désolé mais moi j’aime bien, surtout associé au toit blanc et jantes grises d’une DSpécial. Il y a un je ne sais quoi d’estival, de vacances dans cette combinaison. J’imagine la DSpécial bleu Camargue à l’ombre des platanes dans un village provençal baigné par le chant des cigales… (4)

  • La DSpécial. Conséquence logique des points ci-dessus. Le bon docteur a rendu un vibrant hommage à ce paria de la gamme D, ce lampiste des citroënistes. Je ne puis que m’y associer, regrettant qu’elle soit victime d’un tel manque de tolérance (« La tolérance ?! Il y a des maisons pour ça ! » Talleyrand. Pardon pour le hors-sujet) et de respect. En témoigne les très rares survivantes totalement conformes à l’origine.

Pour conclure et qu’on se rassure, j’ai aussi des préférences certainement plus consensuelles, allant du blanc Carrare intérieur tissu vert au bleu Delta intérieur jersey bleu et suis par exemple sensible au charme d’une Pallas 69 bleu Andalou, toit gris métallisé et intérieur bleu (5).

« Je suis un mélange d’anarchiste et de conservateur… dans des proportions qui restent à déterminer ». Jean Gabin dans « Le Président ». Dialogue de Michel Audiard.

(1) Cela dit, comble de l’hypocrisie, si j’en trouve une en première main avec 30000 km d’origine, je prends quand même !

(2) Cela dit, comble de l’hypocrisie, si j’en trouve une bradée, je prends quand même et me dépêche de revendre avec substantielle culbute à un snobinard chaproniste !

(3) Intervention du Bérurier de service : « Bah oui mon pote, les gars y z’ont pas envie de partir en vacances dans une caisse qui leur rappelle leur bonne femme ou leur chef de service ! »

(4) Intervention bis du Bérurier de service : « De toute façon, avec le skaï, t’as intérêt à la garer à l’ombre si tu veux pas faire un barbecue de fesses »

(5) Intervention ter du Bérurier de service : « bon ben tu me rassures, t’as pas un goût de ch… pour tout ! ».