La gamme des berlines "D" en quelques dates, par le Docteur Danche


1955

Au commencement, fin 55, il y eut donc la DS 19.

Ce modèle unique, novateur, prétentieux peut-être, ramena quantité de clients fascinés, mais il déstabilisa aussi une partie de la clientèle Citroën.
Rappelons que la "clientèle" d'une marque se définit comme un ensemble de personnes attachées au progrès mais surtout suffisamment conservatrices pour rester fidèles à une marque au mépris du bon sens le plus élémentaire.

En l'occurence, le bon sens d'un certain nombre d'amteurs de Traction avait été suffisamment ébranlé pour leur faire refuser la DS, objet peut être trop riche, voyant et technologique pour leur culture.

1957

Aussi apparut l'ID 19 dès 1957, un modèle plus dépouillé, moins ambitieux (pas de direction assistée, une boite de vitesses mécanique, ..) que la DS, même si la ligne de carroserie en était la même. L'ID était disponible en deux finitions: la "Luxe", austère et aux sièges à dominante plastique, et la "Confort", plus proche du confort DS.

Appelée "la DS du pauvre", elle était donc en fait surtout "la DS du Citroënniste", mais ça bien sûr on ne le disait pas, sinon ça aurait été un échec de marketing.

1958

En 1958 apparut même l'ID normale, version dépouillée de l'ID jusqu'à l'extrême, voire le ridicule, avec notamment un moteur de traction avant.
L'ID normale était la "DS des vieux Citroënnistes très avares", ou même, plus précisément, un attrape-couillons.
Le scénario de l'arnaque était le suivant: l'ID normale était au catalogue, elle ressemblait en prix et performances à la traction, et papy Choqmouille se décidait à se trainer la concession pour en commander une. Et puis 15 jours plus tard, la mauvaise nouvelle tombait: pas de veine!! Plus du tout d'ID normale en stock à Paris!
Bon. Papy Choqmouille, de vous à moi, vous prendrez bien une ID Luxe ou une ID confort à la place?

En 1959, on considéra que la supercherie avait assez duré, et on cessa de faire miroiter l'existence d'une possible ID normale aux vieux papys.


1963

C'est l'année du premier restyling important de la gamme: des butoirs caoutchouc sont ajoutés à l'avant et à l'arrière.
Il est vrai que les pare-chocs de la DS, sans butoirs, étaient très exposés (rappelons que la DS s'effondre comme une vieille merde quand elle est arrêtée, amenant sa carosserie à hauteur du parechocs des voitures normales), et faisaient la fortune des accessoiristes, dont l'un, Sacred, avait le slogan plein de panache:
"A voiture de classe ... butoir de classe"


1965

c'est l'année de l'apparition des premières finitions "Pallas", le luxe à son apogée, en version cuir notamment, même si le véritable homme de goût préférera le tissu. Le niveau atteint par la Pallas restera comme du jamais vu dans l'industrie automobile Française de grande diffusions: c'est seulement bien des années après, et sur la pointe des pieds, que Renault essaiera avec peu de succès sa finition "Baccarat".



1966

c'est l'année de la sortie de la DS21, qui est un authentique nouveau modèle, plus puissant et tellement plus séduisant, donnant enfin à la ligne de la DS le moteur qu'elle méritait.



1967

c'est l'année du passage au liquide hydraulique LHM, vert, réputé moins corrosif que les précédents (LHS rouge en 55-64 puis LHS2 incolore en 65-66).


1968

Le restyling de l'avant est l'événement clé de l'année, avec l'introduction de phares (directionnels sur la plupart des modèles) sous vitres. A noter que ce restyling se fait, paradoxalement, sans aucune autre modification importante sur les modèles.

1969

C'est une année de transition. Les événements de Mai 68 retardent beaucoup les choses, et c'est seulement fin Octobre 68 (au lieu de Septembre) que l'on verra apparaitre les modèles 69. Leur tableau de bord, aussi bien DS que ID, est modifié, il est désormais tout noir et assez moche, et il sera d'ailleurs abandonnné dès l'année suivante.
Par ailleurs apparait la DS20, qui remplace dans la continuité la DS19, et l'ID20, en fait une ID 19B plus puissante et mieux finie.


1970 marque deux événements importants

1- l'unification marketing des noms dans la gamme D.

Exit le libellé "ID", place aux libellés ambigüs tels que "DSuper" (remplaçant l'ID20) ou "DSpécial" (remplaçant l'ID19B).

A partir de ce moment, l'adoption d'un nouveau tableau de bord identique entre DS et ID, rendra infiniment plus délicate la distinction entre DS et ID.

Finalement, à partir de 70, on identifie encore clairement par ses finitions le très haut de gamme (la DS Pallas), et les connaisseurs identifient le bas de gamme (la DSpécial). Par contre, pour le reste, entre DS confort (dérivée des DS) et DSuper (dérivée des ID), bien malin celui qui sait encore vraiment s'y retrouver.

2- l'apparition du modèle DS21 à injection électronique.

La DS21ie se veut un must, elle définit de fait le haut de gamme technique, comme la Pallas définit le haut de gamme pour les finitions. Alors les superlatifs manquent un peu concernant la DS21ie Pallas.

1971

1971 marque l'apparition de la boite 5 vitesses: en série pour DS21, en option pour DSuper. C'est un nouveau "plus" indiscutable pour la 21.

1972

A la suite d'une évolution de législation, les poignées de portières changent et deviennent plates; différentes autres modifications significatives ont lieu (mais ce seront les dernières d'ici la fin du modèle), et, de plus, cette année-là apparait la DS automatique, à boite Borg Warner, qui restera dans les mémoires comme un abominable veau, que ce soit sur 21 ou 21ie en 72 ou à partir de 73 sur 23 ou 23ie.

1973

La DS21 change de cylindrée et devient DS23 (DS21ie devenant DS23ie), tandis que la DSuper reçoit une petite soeur, la DSuper5, qui se définit comme "une DS21 à boite mécanique" car elle hérite non seulement de la boite 5 de la DS21 (modèle disparu cette année là), mais aussi de son moteur.
Mais pourtant, elle garde la pédale classique de l'ID, sans accéder au champignon type DS!

Elle est en fait la preuve vivante du rapprochement qui a eu lieu entre DS et ID. La nature (DS ou ID) de la DSuper5, eh bien en fait c'est une question qui rejoint celle sur le sexe des anges ou celle sur les préférences de Georges Michael: la DSuper5, elle est à voile et à vapeur, voilà tout.


1975

1975!
Danche avait deux ans ! Rome remplaçait Sparte,
Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte,
Et du premier consul, déjà, par maint endroit,
Le front de l'empereur brisait le masque étroit.

Enfin, c'était une manière un peu symbolique de dire que je suis né en 1973 et que deux ans plus tard, la CX a remplacé la DS.

En même temps, il était temps, car les ventes de DS ne suivaient pas, en partie à cause de la crise du pétrole. La DS échappera donc à jamais aux innovations inévitables auxquelles elle aurait eu droit l'année suivante sans doute: vitres électriques, balai arrière, rappel du volant, verrouillage centralisé, notamment.