Récital au conservatoire Citroën, par le Docteur Danche
opus II - les mains courantes

Je n'ai pas de photo de ces documents confidentiels, et il faudra donc me croire sur parole. Les mains courantes sont de grands livres style "comptabilité", libellés à la main, qui recensent la production de chaque modèle, jour après jour. Les colonnes principales dans ces livres sont:

numéro de coque
numéro de moteur
date de sortie des chaînes
date de mise à disposition du service commercial
numéro de série (châssis)

On peut regretter que la couleur de sortie soit manquante dans ces mains courantes, mais l'information capitale, c'est que la chronologie, jour de production par jour de production, est déterminée par le numéro de coque, et non par le numéro de série.

La chronologie des numéros de série est en réalité seulement celle de l'enregistrement des commandes client.

Pour les DS des premiers millésimes, on peut ainsi observer des séquences du genre:

coque
date de production
numéro de série
DB 4001
12 Mars 57
13557
DB 4002
12 Mars 57
13154
DB 4003
13 Mars 57
13601
DB 4004
13 Mars 57
16950
DB 4005
13 Mars 57
13502


Dans cet exemple (dont les chiffres sont fictifs), la DS de numéro de série 16950 (ayant été commandée par quelqu'un d'important, par exemple) est venue en priorité sur la chaîne de production, et a donc été fabriquée avant des DS pourtant commandées des semaines ou des mois auparavant.

La chronique des numéros de série est globalement erratique mais cohérente (on est successivement "dans les 13000", puis "dans les "14000", mais il y a des écarts réguliers de numéros insolites, j'en ai observé où il y avait près de 4000 numéros d'écart).

Ce constat explique bien des choses (par exemple les curieuses chronologies de numéros de série dans mon dossier sur les numéros mystère de 1957), et conduit à plusieurs conclusions:


- il est absurde de recenser les DS survivantes par numéro de série, en vue de trouver des "cousines" dont les caractéristiques seraient proches en vue d'une restauration pointilleuse, ou pour dater des modifications sur la ligne de production.

Si on voulait le faire (club, internet), il faudrait le faire par numéro de coque. Le plus efficace serait néanmoins de mon point de vue que, dans un futur à moyen terme, le conservatoire numérise ses archives et recense lui-même les survivantes qui se manifesteraient auprès de lui.


- il est inexact de penser, sur la base d'un numéro de série, que telle ou telle voiture peut être considérée comme "la plus vieille du monde" de sa catégorie. La fameuse DS numéro de série 32 n'a pas forcément été la 32ème construite!


- quand on recherche (comme je l'ai fait dans ce dossier) la DS "la plus jeune", il faut garder en tête qu'il n'y en aura pas une, mais deux: il y a la dernière commandée (qui portera le numéro de série le plus élevé dans le type), et il y a la dernière construite, qui portera le numéro de coque le plus élevé dans le type.

Sur le sujet des numéros de série les plus élevés, les fiches documentaires pour les coffrets Légende, qui seront bientôt écrites par Petriman, donneront chacune ce scoop, modèle par modèle. Mais ce qu'il m'a dit (entre deux calva), c'est qu'en réalité la plupart du temps, les DS portant les numéros de série les plus élevés sont celles produites fin 74 ou tout début 75: la production de Janvier-Avril 75 s'est faite ensuite avec des numéros de série... plus petits!

- enfin, les numéros de coque suivent une logique de numérotation pour leurs premiers caractères, lire la suite