D'accord, les Nuls n'ont pas été tendres avec son prénom. Dr Danche.
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Doctrine de restauration, par Régis En observant différents véhicules anciens restaurés depuis de nombreuses années, et des IDS notamment, j’ai souvent été interpellé par les parti-pris choisis ou non réfléchis de restauration; cette question de la restauration, je la pratique au quotidien dans mon métier dans les monuments historiques; alors je me suis longtemps posé la question d’une possible doctrine de restauration des IDS, mais j’ai aussi hésité me demandant si c’était raisonnable, approprié ou déplacé; est-ce que ce ne serait pas aussi un peu « fumer la moquette » !? Ce ne sont "que des voitures" !? Mais pourquoi particulièrement sur le cas de l’IDS ? Cependant l’évolution constante depuis fin 1955 jusqu’à une forme de fiabilité stable en 1966 avec le LHM (évolution des pompes, sphères, boîte de vitesse…), le passage au 12v bien avant… nous pose la question de la conservation d'un véhicule de type DS 1956 en « mode route » sans bénéficier de ces viabilisations ultérieures. De surcroît, cette génération d’autos voit aussi l’avènement du plastique (des premiers âges!) et dont l’état chimiquement pas toujours stable face aux températures, au temps, aux UV, pose un véritable problème de restauration (repeindre le tableau de bord en métal d’une traction ou dauphine ne pose pas de problème!). Alors si on se place dans les grands courants de pensée de la restauration, adaptés à l’IDS, qu’est-ce que ça donne?
La question dans le cas des IDS, et de l’utilisation en mode route, peut se poser sur des modèles précieux comme avec les 1000 premières DS, l’ID normale ou luxe, les premiers breaks, cabriolets, et les prototypes et avant série. La voiture est alors un collector a préserver. Alors...ne pas rouler (Citromuseum), ou alors rouler en épongeant pieusement l'huile dans le garage!
La transposition de cette pensée pour notre IDS est celle où la restauration rime avec maîtrise optimale de la mécanique et d’un savoir faire incontestable ; le web présente plusieurs maîtres en la matière, et je ne peux que m’extasier devant la maîtrise et la virtuosité des restaurateurs ; néanmoins, le modèle ancien est entièrement démonté, la moindre pièce vérifiée et souvent changée, et surtout le véhicule est amélioré, modifié et complété dans une quête de fiabilisation jamais atteinte à son époque; on obtient une forme et une esthétique des premières IDS, mais avec une technologie mixte ancienne-aboutie (modifications hydrauliques et moteur, passage au 12v, échappement inox… voire même carrosseries polyester). Constituer son idéal de DS, pourquoi pas, mais pas sur des modèles historiques; au delà de la sauvegarde d’une forme ancienne, le matériel authentique comme patrimoine technologique est à préserver pour l’histoire, car c’est vraiment une des grandes composantes de l’IDS.
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La troisième voie, avec des théoriciens comme Boito ou Brandi peut être explorée, même si elle se prête mal à notre IDS ; : « ce qui se dégrade, c’est la matière ; c’est aussi la seule chose qui me soit effectivement accessible » ; Ci-contre: doctrine Brandi pour la restauration du chateau de Bagnols (ND DrD: ça ne s'invente pas!): restauration de décor par consolidation et traitement des lacunes par des compléments d'enduits avec des tonalités approchantes, sans ré- interprétation. Alors comment restaurer sans dénaturer, sans perdre l’information, car finalement, pas besoin de données archéologiques pour nos voitures ; il y a les catalogues de pièces détachées, et certaines archives de Citroën, voire des courriers annonçant ou expliquant des modifications. La tendance est grande de changer les pièces hors service -sans chercher plus loin- par des pièces neuves plus ou moins conformes. D'autant que désormais de nombreux kits de restauration existent pour l’hydraulique, joints et autres, et même pour la carrosserie).
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(illustration: la mythique DSuper d'un anglais, plus neuve que neuve)
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L’IDS, au delà du plaisir qu’elle procure en conduite, de par sa forme sculpturale et son témoignage de l’art de vivre des 50’s et 60’s, est un livre ouvert sur le détail technologique, sur la prouesse de l’avant-garde « consommée par un peuple entier », et aussi un catalogue étonnant de détails de design de l'époque (tableau de bord, sièges, éclairages, pièces hydrauliques…)! Alors que serait la (ma) restauration idéale pour une IDS, et plus particulièrement pour une DS ? Ce serait bien celle qui maintient tous les éléments qui font la spécificité de cet exemplaire (millésime, date de construction, numéro de série, lieu de fabrication (Javel, Forest…)), mais aussi sa propre histoire et de celle de ses ajouts successifs remarquables, avec le respect de base en terme de couleurs intérieures ou extérieures et de design. J’ai envie de dire aussi que ceux qui ne se sentent pas prêts à faire une restauration fidèle et analysée, et de faire tourner leur DS 59 avec le standard de l’époque (LHS, que diable!), qu’ils passent leur chemin: choisissez un modèle déjà plus fiable et éprouvé, à partir de 1966! La patine du temps est à conserver, car elle témoigne de l’histoire humaine de l’auto: elle est conçue par et pour l’homme et c’est la trace de l’homme qui a le plus de valeur. L’IDS doit témoigner de l’intelligence des hommes d’une époque, de leur enthousiasme et fougue: sinon, c’est un "vulgaire tas de ferraille"! Il ne faut enfin jamais oublier que nous ne sommes que des utilisateurs de passage de ce témoignage technologique et culturel ; nous devons permettre à ce spécimen (des premières IDS) de perdurer et d’être transmis dans le temps, avec le maximum d’informations historiques. Régis V.
Epilogue, par le Docteur Danche: |